Histoire

Au commencement étaient les étoiles, âmes brillantes dans le vide. Réunies autour de la plus brillante d'entre elles, elles s'amusaient à se poursuivre et à se chamailler, soulevant des volutes de poussières stellaires. Qui la première apprit à la façonner ? Je l'ignore. Mais ce nouveau jeu les passionna et ensemble elles forgèrent la planète, ses montagnes, ses mers, ses vallées et ses rivières. Puis elles partirent chacune de leur côté dans un concours de création.

Pendant des millénaires, la planète resta en l'état, avant que les étoiles ne reviennent pour disserter sur leurs créations. Parmi elles, il y avait Isilar et Isaria. Deux tout jeunes dieux qui, pendant que les plus âgés péroraient, descendirent sur la planète dépourvue de vie. Isaria la para d'herbes, fleurs et arbres, elle remplie ses montagnes et ses volcans de gemmes et de magnifiques flammes. Isilar, plus agile et âgé, peupla la planète d'animaux marchant, volant et parlant.

Lorsque les étoiles se séparèrent à nouveau pour un nouveau concours, Isilar partit, laissant Isaria parcourir la planète. Et parce qu'elle s'ennuyait, elle réunit les animaux, et demanda deux volontaires de chaque, un mâle et une femelle. Les invertébrés refusèrent, ainsi que les poissons. Aux autres, elle offrit la forme que nous avons aujourd'hui. Les Isards sont ses enfants.



Jusqu’à l'arrivée des humains, c'est ainsi qu'était contée au coin du feu la genèse d'Isil. Les plus âgés se souviendront d'une planète luxuriante, évoqueront les déserts aux sables ocres, les océans azurés et les forêts viridescentes à la faune prolixe. Les caravanes sillonnant ses paysages, reliant les océans Gemme et Liquery en traversant les montagnes de Vesperi, où paissaient troupeaux de brebis et de vaches et raccordant les fermes et villages éparpillés sur tout le continent.

Bien sûr une telle vie n'était pas sans danger. Les changements climatiques, les maladies, les animaux sauvages et les attaques de bandits n'hésitant pas à voler le bétail... Et à croquer le berger au passage étaient courants. Les carnivores, majoritairement chasseurs, ne rechignaient pas à recourir à la simplicité en attaquant les fermes ou les voyageurs isolés. Les  vieux se souviennent aussi des défis entre jeunes, souvent pour les yeux d'une femme, et de leurs conséquences parfois dramatiques. Certains s'en souviennent avec nostalgie, pourtant, par la faute des envahisseurs, la vie n'est possible à présent que sur un dixième d'Isil.

Ils sont arrivés, il y a cent et quelques hivers, sortant d'objets descendus du ciel, si bruyants qu'ils faisaient fuir les animaux. Pendant un an, par prudence, les Isards les évitèrent ou les étudièrent furtivement. Pas que ce soit chose difficile, ces êtres venus du ciel faisaient plus de bruit à chaque pas qu'un Isard nouveau né. Mais les animaux aussi désertèrent le secteur, et une famille lupine se tourna vers le meurtre pour se nourrir. Les lapinidés qu'ils poursuivaient furent ainsi les premiers à découvrir les humains, éveillant leur curiosité. D'autres suivirent, principalement des herbivores, intéressés à l'idée de pouvoir mener leur vie sans la menace de carnivores. Ils rejoignirent les humains, malgré leurs langue et leurs coutumes bien différentes et cherchèrent volontiers à s'intégrer parmi eux ... avant de comprendre ce que les humains attendaient d'eux. Que les loups chassent les lapins, c'est normal, c'est ainsi que les Dieux les ont fait. Mais aucune race n'en a jamais soumis une autre, lui prenant tout sans lui offrir de compensation. Une telle chose était inacceptable.

Les herbivores se rebellèrent, ceux qui le purent prirent la fuite. Et les carnivores s'unirent tous ensembles contre ces destructeurs d'un ordre établi des siècles plus tôt. La première bataille fut rude, les connaissances du terrain comblant à peine les armes cracheuses de mort. Et puis les humains brisèrent un second tabou, tuant et asservissant les femmes, les enfants, les non combattants. S'il y eu encore des combats, la majorité des combattants se rendit, espérant protéger ou rejoindre leurs familles. Bien sûr il n'en fut rien. Quelques uns s'enfuirent en petit groupes, léchant leurs blessures.

Et puis la pluie de feu. A la lave et aux tremblements de terres, s'ajoutèrent les explosions d'air brûlantes, qui vous carbonisent les poumons de l'intérieur et vous brûlent vif. Nombre d'esclaves virent dans cette colère du ciel une chance de fuir l'esclavage, préférant braver la mort. D'autres se cachèrent, suivant un instinct dont manquaient les humains pour survivre, se cacher. Et peu à peu, se retrouver, eux aussi dans la dernière zone "viable" du continent.

La colère brûle dans le cœur des Isards. Envahisseurs, Asservisseurs, Destructeurs, pour la majorité des Isards, les humains sont un fléau qui doit être éradiqué. Alors seulement Isaria leur rendra Isil.

Géographie

A l'origine, Isil était constituée de trois continents, méridional, oriental et septentrional, avec des échanges commerciaux réguliers par bateau. L'oriental et le septentrional sont considérés disparus, et personne n'en est venu depuis le début de la pluie de cendres. Le continent méridional est bordé, à l'est et à l'ouest par les océans Gemme et Liqueri, au nord par la mer des glaces (qui porte mal son nom puisqu'il s'agit d'une étendue de glaciers et au sud par la mer d'Azure et sa mangrove. Ce continent est séparé du nord au sud par une chaîne de montagnes nommée Vesperi, où naissent la majorité des rivières.
Avant la catastrophe planétaire, à l'est des dites montagnes, le climat était plutôt froid à tempéré, avec une toundra et des forêts de conifères. A l'ouest, le climat était plus chaud, voir tropical au niveau de la mangrove.

Il n'y avait pas à proprement parlé de villes majeures, mais plutôt des caravanes sillonnant les routes et les mers, et des foires se tenant annuellement en divers lieux. Lors de ces occasions, des villes de tentes se formaient et se déformaient au rythme des arrivées et des départs.

Bien sur, cette géographie ne sert plus à grand chose aujourd'hui... sauf à y comprendre quelque chose. Quand tonton Jean-Philipe, du haut de ses 65 ans raconte à qui veut l'entendre, que lui il a traversé les montagnes, il se rendort aussitôt qu'on lui donne sa tisane.