Histoire

Eärendil est née à Isaria, elle a donc connu l’effervescence de la ville pendant de longues années.
Dès le début, elle était une enfant particulièrement curieuse, elle voulait tout savoir, tout découvrir. Son mot favori était « pourquoi ». Elle était toujours dans les pattes des adultes, observant, questionnant, touchant à tout.
En général, les adultes étaient gentils avec elle au départ puis rapidement, ils l’envoyaient voir ailleurs.

Lorsqu’elle eut 7 ans, elle fit sa première grosse bêtise. L’enfant s’introduisit en douce chez le forgeron au milieu de la nuit et vola quelques uns de ses outils. Le larcin fut rapidement découvert, déjà parce qu’un de ses amis cracha le morceau sous la menace de la fessée et ensuite parce que soudainement…Eärendil n’était plus là à poser des questions. Alors qu’elle était réfugiée dans sa petite cabane créée à partir de bric et de brocs, elle vit arriver plusieurs adultes. Ses parents, aux visages furieux ainsi que le forgeron. Les cris fusèrent alors que la petite tentait de s’échapper par une ouverture. Le forgeron l’attrapa aussitôt et entreprit de la punir.

L’enfant en ressortit les larmes aux yeux et avec un souvenir impérissable. Mais plus jamais elle ne recommencerait une telle bêtise. Le vol, ça faisait mal aux fesses !
Pendant quelques mois, elle se montra particulièrement sage, évitant à tout instant le forgeron. Et en parti ses parents aussi. Après tout, ils ne comprenaient rien tout ces adultes. Elle n’avait voulu que les découvrir, les essayer...Donc oui, elle boudait. Et pendant longtemps. Elle ne parlait qu’aux enfants notamment ses frères.

Au fur et à mesure, pourtant, elle retrouva son caractère curieux mais à l’opposé de ce que proposait la ville. Elle commença à explorer les alentours proches, ne s’éloignant pas beaucoup au départ.  Lorsqu’elle eut 11 ans, elle se sentit prête à aller un peu plus, ne mesurant pas vraiment les risques qu’elle encourait. Pourtant ses parents lui avaient souvent rabâché que le monde était dangereux...mais en cet instant, elle l'avait oublié.
Elle marchait, touchant tout ce qui passait à portée de mains, observant la vie. Elle adorait ce qu’elle voyait. Jusqu’à ce qu’une odeur enivrante parvienne jusqu’à ses narines. Elle huma l’air et attirée comme un aimant, elle s’y dirigea rapidement. Par chance, elle ne rencontra pas de bestioles sauvages mais arriva droit sur une plante avec une fleur magnifique. Elle se pencha au-dessus, oubliant tout son environnement. Comme si elle était hypnotisée. Elle attrapa une feuille, l’approcha de son nez puis la mit en bouche. Elle se sentit rapidement particulièrement bien. Elle se retrouva allongée sans trop savoir comment à mâchouiller des feuilles, tout en respirant les fleurs. Rapidement, ce fut le trou noir.

Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle était chez elle, dans son lit avec sa mère qui pleurait à côté. Lorsque cette dernière comprit qu’elle était revenue à elle, elle la serra aussitôt dans ses bras.

- Tu m’as fait si peur !

A vrai dire, Eärendil ne comprenait pas vraiment la situation. Elle était endormie dans un bien être complet et se réveillait avec une migraine absolue, des nausées et sa mère en larmes. On lui expliqua alors qu’elle avait été retrouvé par des chasseurs sur le retour, dans un coma plutôt étonnant au départ. Néanmoins, une herboriste avait vite identifié la plante en question et comprit qu’il faudrait que son organisme parvienne à s’en débarrasser...On ne lui précisa jamais que si elle n’avait pas réussi, elle serait morte. Elle le comprit seule, face à l’expression désespérée de sa mère. Les jours qui suivirent, l’herboriste venait quotidiennement, lui donnait à boire un bouillon affreux mais elle se sentait mieux. Rapidement, elle put se mettre debout, grandie de sa nouvelle expérience. A chaque visite de sa sauveuse, elle posait énormément de questions, cherchant à connaître chaque plante et leurs effets.

Finalement, l’herboriste, une isare gorille, la prit sous son aile pour lui apprendre son métier. Eärendil se montra particulièrement passionnée et studieuse. Elle notait dans un petit carnet tout ce qu’elle lui disait, faisait ses propres expériences également.
Petit à petit, elle commença à s’occuper de patients, d’abord pour des problèmes légers puis de plus en plus graves. Finalement, elle devint autonome même si elle continuait à apprendre. Elle s’installa dans son chez elle, toujours à Isaria mais rapidement, ne se sentit pas à sa place dans cet endroit.

Alors, dès qu’elle avait du temps libre, elle partit en quête d’une place, de son véritable chez elle. Elle trouva alors un terrain, dans la mangrove, à la frontière de la forêt. Là, elle était bien, dans son élément. Il faisait chaud et humide. Sa maison se construisit petit à petit avec des matériaux trouvés un peu partout, qu’il s’agisse de bois, de peaux de bêtes...ou de plaques dures et grises tombées du ciel. Elle récupérait tout ce qui l’intriguait, lui plaisait pour consolider sa maison ou se créer des vêtements ou des bijoux.

Désormais, elle a 25 ans et est heureuse de sa vie. Elle part régulièrement en exploration à la recherche de plantes à tester, cherchant toujours à améliorer ses soins. Sa porte est toujours ouverte aux isards dans le besoin et chacun à Isaria, sait où la trouver. Et lorsqu’il faut aller vite, vite à Isaria, elle y va au galop. Soit sur un cheval qui traîne par chez elle depuis plus d’un an soit sur un buffle vivant dans les eaux chaudes le mangrove.